« Un enfant nous est né. » Il est à la fois Enfant et Ancien des jours. Enfant par l’aspect corporel et par l’âge. Ancien des jours par l’éternité sans limite du Verbe.
Si, en tant qu’Ancien des jours, il n’est pas enfant, il l’est cependant, car il est toujours nouveau. Et même, il est, non pas nouveau, mais la nouveauté même, immuable en lui-même et renouvelant toutes choses.
Chaque être vieillit dans la mesure où il s’éloigne de lui, et tous sont rajeunis dans la mesure où ils se rapprochent de lui. Paradoxalement, ce qui le fait ancien est ce qui le rend jeune : en effet, son éternité qui ignore tout début d’existence comme tout déclin de vieillesse, est elle-même à la fois sa jeunesse ancienne et son ancienneté toujours jeune.
Mais il résulte de sa nativité dans le temps une autre jeunesse : par cette nativité un enfant est né pour nous rajeunir, lui qui de toute éternité naît comme Dieu pour rendre bienheureux les anges. Cette naissance-là est plus glorieuse, mais celle-ci est plus riche en miséricorde. (…)
Pour le moment, il est doux, oui il est doux et savoureux, de penser et de réfléchir sans cesse à l’Enfant-Dieu. Bien plus, il n’est rien de plus efficace ni de plus agissant pour guérir et adoucir ce qui peut rester d’aigreur dans nos cœurs, d’amertume dans nos paroles, de rudesse dans notre comportement.
Guerric d’Igny
Sermon 1 pour la Nativité, 1-4, Sources chrétiennes, 166, Paris, 1970, p. 165-175
Vue du monastère de La Coudre (Hiver 2021)
Guerric d’Igny
Né à Tournai vers 1070, Guerric passe à l’Abbaye de Clairvaux pour rencontrer Bernard dont il a entendu parler. Ce dernier le presse de rester. Il entre donc à Clairvaux et se fait son disciple jusqu’en 1138, année où il est envoyé à Igny, près de Reims, dont il devient l’abbé.
Il fut un abbé exemplaire, dispensant son enseignement dans l’humilité et la simplicité, malgré une santé déficiente.
Il s’éteignit le 19 août 1157, après 19 années d’abbatiat. Il est vénéré comme bienheureux et, dans le diocèse de Reims, comme saint.