Je m’adresse à vous, mes frères, mes fils, vous qui n’êtes pas seulement des adorateurs de la croix du Christ mais des profès de cette croix, pas seulement des profès mais aussi des amants de cette croix.
Je m’adresse à vous, et que chacun pense comme il veut, qu’il juge comme il veut, qu’il se fasse illusion autant qu’il veut dans la croix du Christ, il n’y a rien de tendre, rien de mou, rien de délicat, rien d’agréable pour la chair et le sang.
Que cette croix du Christ soit donc désormais comme le miroir du chrétien.
Que celui-ci se regarde dans la croix du Christ pour voir si sa vie, sa manière de vivre est en accord avec cette croix. Dans la mesure où il participe à la croix du Christ, il peut espérer avoir part à la gloire du Christ. Mais celui qui repousse l’amertume de la croix du Christ, qu’il redoute d’être peut-être écarté du regard du Crucifié.
Vous, mes frères, voyez combien vous devez vous réjouir, vous qui êtes crucifiés avec le Christ lui-même.
Aelred de Rievaulx,
Sermon 10, « Pour les Rameaux »
Aelred de Rievaulx
Né en 1110 en Angleterre, Aelred entre à la cour du roi d’Ecosse, David 1er.
En 1134, il se fait moine à Rievaulx. Se rendant à Rome, il rencontre Bernard à Clairvaux.
De retour à Rievaulx, il devient maître des novices puis fonde un autre monastère où il passe quelques années, avant de revenir à Rievaulx dont il est abbé pendant une vingtaine d’années, jusqu’à sa mort en 1166.
Aelred est un homme de désir. Humble, il est vrai devant lui-même, devant les hommes, devant Dieu. Il est particulièrement très « humain ». Il a beaucoup écrit et nous a laissa de nombreuses œuvres spirituelles.