Mais pour vivre, il faut naître. À moins de naître d’en haut, nul ne peut voir le Royaume.
Alors Jésus – pour que nous puissions naître de la Croix, naître à l’essentiel – nous donne Marie, nous donne l’Église : en elle, tout homme naît de l’Esprit : tout homme naît bien-aimé en Dieu. L’Esprit : c’est comme l’essentiel de Dieu lui-même – qui est Amour – et cet essentiel, Dieu nous le donne et il nous donne de pouvoir le recevoir.
Dieu nous donne son « essentiel » : son Fils Unique et il nous donne l’Esprit pour communiquer à notre foi : la vie même de Jésus, cette vie dont l’essentiel est d’aimer. (…)
L’essentiel, ce « Je t’aime » de Jésus, ce « Je t’aime » de la part de Dieu, jailli de son cœur, éternellement dit, jamais repris, offert à tous, cet essentiel, frères et sœurs, nous est livré dans un geste, dans un Souffle. Inclinant la tête, Jésus remit l’Esprit. La croix vivante, la croix glorieuse du Fils bien-aimé nous fait signe et nous attire. (…)
L’essentiel nous est confié : aimez-vous comme je vous ai aimés. Vous êtes mes amis.
Et la grâce de notre Église, ici en Algérie, c’est peut-être, je crois, d’être réduite à l’essentiel… et par là, nous risquons moins de réduire à néant la Croix du Christ. Notre
place, c’est d’être là auprès de l’Époux: de le prier quand l’amour manque à notre terre et de nous associer à son travail.
Notre joie, c’est d’être là : témoins que quelque chose se passe : on dirait sur la croix un mariage.
Frère Christophe
Homélie pour l’Exaltation de la Sainte Croix,1990,
Adorateurs dans le souffle.
Frère Christophe
Moine de Thibérine. Né le 11 octobre 1950 à Blois (Loir-et-Cher), il entre au monastère de Tamié dans les Alpes le 1er novembre 1974. Il fait profession solennelle le 1er novembre 1980.
Passionné de Dieu et des hommes, exigeant, son chemin n’est pas aisé mais il aime la vie.
Arrivé à Thibérine en Algérie en 1987, il est ordonné prêtre le 1er janvier 1990. Il est maître des novices et sous-prieur. Il a la charge de la liturgie et du jardin avec frère Paul.
Il meurt martyre en 1996, lors de la guerre civile d’Algérie avec ces 6 autres frères trappistes du monastère.