Je ne peux plus le cacher : c’est encore une fois celui qui est au ciel qui parle de la terre, et il en parle avec une telle sympathie qu’il semble être lui-même de la terre. « Venez à moi, vous tous qui peinez ! » (…)

 

Ces mots n’évoquent pas une autorité, mais un compagnonnage, un lien d’intimité. C’est comme Epoux que Dieu parle, et non comme Seigneur. Pourquoi ? Pourquoi, lui, notre Créateur se considère-t-il comme notre compagnon ?

 

Parce qu’ici c’est l’amour qui s’exprime et que l’amour ignore la domination. Dieu aime, et son amour n’a d’autre origine que lui-même. Et s’il aime avec tant de force, c’est bien parce que l’amour n’est pas quelque chose qu’il a mais son être même.

 

Pourtant ceux qu’il aime, il les tient pour ses amis, non pour ses serviteurs. Et lui-même, de Maitre, il s’est fait ami. Il ne donnerait pas le nom d’amis à ses disciples si ce n’était pas vrai. Ne vois-tu donc pas que la majesté ne cède à l’amour ?

 

Oui, frères, l’amour ne surélève, ni n’abaisse personne. Il considère sur un plan d’égalité tous ceux qui s’aiment parfaitement, et en lui-même il ramène à une même mesure les grands et les humbles. Il les rassemble, non seulement dans l’égalité mais dans l’unité.

 

Et toi, tu penses que Dieu fait peut-être exception à cette règle de l’amour ? Mais celui qui s’attache à Dieu fait avec lui un seul esprit. Pourquoi t’étonner ? Lui-même s’est fait comme l’un de nous. Et c’est trop peu dire : il s’est fait l’un de nous. C’était trop peu pour lui de se faire l’égal des hommes : il s’est fait Homme.

 

Saint Bernard,
Sermon sur le Cantique des Cantiques, 43

 

Bernard de Clairvaux

 

St Bernard naquit au château de Fontaine près de Dijon
en 1090. Tout jeune il était très porté au recueillement et à
la réflexion. Adolescent, sa forte personnalité se déclara :
ayant décidé d’entrer à Citeaux, il entraîna 30 compagnons à sa suite.
Il devint abbé de Clairvaux à 25 ans. Peu à peu sa
renommée s’étendit, son influence s’exerça partout.

Sa sainteté en fit la lumière de son siècle.
Malgré ses importantes occupations, il écrivit non
seulement de nombreuses Lettres, mais des traités de
spiritualité, des commentaires de l’Ecriture et des sermons.

Il mourut en 1153.